Face à la problématique des sargasses les entrepreneurs mexicains redoublent d’ingéniosité pour trouver des solutions de valorisation innovantes.
L’invasion des algues sargasses sur le littoral du Mexique cause des dommages économiques mais également environnementaux. En effet à cause de l’odeur qu’elles dégagent elles impactent le tourisme mais aussi l’écosystème marin et notamment le récif corallien qui serait détruit à cause de l’accumulation de ces algues.
“Lorsqu’elles arrivent sur les côtes, elles pourrissent et consomment l’oxygène de la colonne d’eau, mettant en péril les organismes qui y vivent, notamment ceux qui ne peuvent pas bouger (coquillages, récifs coralliens…)”, précise Frédéric Ménard, chercheur à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), dans un entretien accordé à l’AFP.
Les sargasses présentent également un problème de toxicité dû au gaz qui se dégage lorsqu’elles se décomposent : le sulfure d’hydrogène (H2S).
“En pleine mer, les sargasses ne sont ni toxiques ni nocives. Elles servent de refuge à beaucoup d’espèces de poissons et de nurserie à certaines espèces” (poissons, invertébrés, tortues marines…), insiste le chercheur.
Cependant les sargasses, si elles n’échouent pas sur les côtes, finissent par couler et menacent alors les fonds marins.
« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. » Cette célèbre citation de Lavoisier prend tout son sens à travers l’initiative menée par des entrepreneurs mexicains qui récupèrent et recyclent les algues en briques, en papier ou encore en chaussures.
Omar VASQUEZ a 43 ans et a commencé par valoriser les sargasses en les transformant en engrais pour les plantes de sa pépinière. Puis lui est venu l’idée d’utiliser les algues pour fabriquer des briques. Son procédé est issu d’une technique ancestrale qu’il tient de son village natale où les maisons étaient construites en adobe (ndlr : l’adobe est une technique ancienne de fabrication de briques en terre crue, moulées à la main puis séchées au soleil).
Le modèle d’habitation développée par Omar VASQUEZ comprend 60% de matières organiques et 40% d’algues, soit 20 tonnes de sargasses utilisées qui sont transformées en 2000 briques. Le procédé est complètement manuel, depuis la collecte des algues jusqu’à leur séchage au soleil. L’entrepreneur a obtenu des certifications officielles pour garantir la résistance de son produit et il a breveté son invention.
“Nous consommons déjà près de 200 kilos par semaine. Plus nous allons grandir, plus nous allons en consommer et aider à se débarrasser de cette plaie, » déclare Victoria MORFIN.
Victoria MORFIN est une jeune femme de 18 ans qui a décidé de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale à force de conviction. Soucieuse de respecter son environnement, elle a eu la brillante idée de recycler les sargasses en papier. Elle a réalisé les premiers tests à l’aide de sa mère, dans leur maison. Une imprimerie de la région a été emballée par le projet et s’est associé au développement et à la commercialisation de ce papier innovant.
Quant à Adrian LOPEZ, entrepreneur de 41 ans, il recycle le plastique polyéthylène téréphtalate (PET) en chaussures depuis plus de 8 ans. L’échouage des sargasses sur les plages lui a donné l’occasion de réaliser une nouvelle expérience. Associées au PET, les algues lui permettent de fabriquer des semelles. Pour réaliser ses chaussures, il utilise cinq bouteilles de PET et 100grammes de sargasse.
Le Huff Post a consacré un beau reportage à ces trois entreprises qui prouvent qu’il ne faut jamais blâmer une contrariété et que la perfectibilité humaine permet de venir à bout de bien des difficultés.
Sources :