Sarg’Expo est le premier salon international des technologies de gestion des algues sargasses.
Du 24 au 26 octobre dernier, les yeux du monde entier était braqué sur la Guadeloupe dans le cadre de la 1ère conférence internationale sur les sargasses. Ce phénomène invasif qui s’abat sur toute la Caraïbe a donné l’occasion de mobiliser les acteurs nationaux et internationaux pour trouver une solution à ce fléau. Durant trois jours chercheurs, politiques et universitaires ont traité de la connaissance scientifique et technique existant autour de cette algue brune. L’objectif étant de mettre en place une feuille de route avec des actions concrètes qui serviraient également à renforcer la coopération entre les pays de la Caraïbe.
En marge de cette conférence, le salon Sarg’Expo a réuni des entreprises internationales qui agissent dans les domaines de la prévention, de la collecte, du traitement et de la valorisation des algues sargasses. Elles ont présenté une série d’innovations telles que : la télédétection et la prévision des échouages, la collecte (via des barrages ou à terre…), la surveillance sanitaire (capteurs H2S…), le stockage, mais aussi valorisation (matériaux biosourcés, compostage, production d’énergie…).
Ce salon a surtout donné une meilleure visibilité sur de nombreux projets, dans toute la Caraïbe et même en France hexagonale, qui ont pour ambition d’apporter des solutions innovantes. Des projets universitaires tels que celui des chercheurs de l’Université des Antilles (UA) qui entendent isoler les molécules contenues dans l’algue pour l’utiliser dans la pharmacologie ou dans l’agroalimentaire ou encore pour la construction. L’UA étudie également les moyens de transformer la sargasse en charbon actif afin d’agir sur les molécules de la chlordécone (ndlr : un dangereux insecticide utilisé de 1972 à 1993 et qui empoisonne les sols de la Guadeloupe et de la Martinique).
Selon l’ADEME (Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie), la sargasse «permet d’enrichir le compost en oligoéléments et présente vraisemblablement des bactéries intéressantes pour l’activation du process». D’autre projets sont en cours afin de développer cet aspect.
Dans la Caraïbe d’autres initiatives sont à l’œuvre. C’est le cas de la République Dominicaine avec une filière de bioplastiques ; ou les biostimulants à Sainte-Lucie avec l’entreprise Algas Organics ; les biomatériaux à Porto Rico où les algues sont utilisés pour faire de la construction ; ou encore du savon à la Barbabe et même des chaussures au Mexique.
D’autre projets tous plus innovants les uns que les autres sont à noter. Parmi eux, celui de la startup martiniquaise The Marine Box qui créée des cercueils écologiques destinés à la crémation composés de 60% de sargasses, 30% de fibre de banane et 10% de fibre de coco.
Pour valoriser les algues sargasses, il y a néanmoins beaucoup de contraintes à surmonter. Elles sont, par exemple, chargées en sel ce qui ne permet pas de les utiliser pour de la méthanisation. Aussi, lorsqu’elles sont ramassées, le sable et autres déchets rendent leur collecte couteuse et difficile. Sans oublier la toxicité des produits qui les composent et qui obligent à limiter leur proportion dans certaines utilisations, voire les prohiber complètement pour d’autres.
La conférence internationale sur les sargasses a cependant été l’occasion de dresser un état des lieux des problématiques, des enjeux et des solutions. D’ailleurs la décision a été prise de créer un programme caribéen sur les sargasses qui se mettra en place autour d’une plateforme d’information et un centre d’alerte. Ce projet, financé par des fonds européens, sera animé par la Région Guadeloupe et soutenu par le Mexique, le Brésil, le Costa Rica, la République Dominicaine mais aussi l’Association des Etats de la Caraïbes.
Crédit Photo : Région Guadeloupe
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